Ci dessus, la même superposition d’émaux a été posée de manière identique sur les deux pièces, celle à gauche ayant été en bas du four, celle à droite en haut; on constate bien la matité, voire la rugosité du bol de gauche et la brillance et la tendance à couler de celle de droite.

A droite, les trois bols ont été posés sur trois étages différents, le plus bas étant à gauche (très mat) et le plus haut à droite (très brillant).

Avant de commencer la recherche proprement dite, il faut déjà étalonner son four, non seulement en mettant, soit des cônes Orton, soit des anneaux de contrôle (qui vont donner une température précise de l’endroit ou ils sont posés), mais aussi des petits bols (un par étage) émaillés de la même glaçure (je recommande plutôt des bols que de mettre des tuiles, qui ne donnent que peu d’indications vu leur taille réduite). Souvent, les fours ont une différence de 20 à 40°C entre le bas et le haut, et en faisant une cuisson de la température que l’on veut obtenir (par exemple 1220°C), on pourra constater où, dans le four , cette température est réellement atteinte.

La recherche par progression

Une premier type de recherche sera de rajouter du bore (*) à notre émail. Celui ci pourra être sous forme naturelle (colémanite) ou transformée (fritte). Le bore est un fondant puissant qui ne modifie que peu les couleurs de l’émail - il aurait plutôt tendant à apporter de la brillance - et permet de baissser considérablement les températures de fusion.

On pourra trouver des frittes boro-calcique ou boro-alcaline; suivant la composition de base de l’émail on choisira plutôt l’une ou l’autre.

La progression se fera de 5 en 5 suivant le tableau ci dessous.

Ici, notre émail de départ était un “jaja” un mélange de tous les restes d’émaux faits à partir de cendres de plantes. cette série d’essais a été posée en bas du four, donc à 1220°C. On constate que plus on rajoute de la fritte (FR7), plus on passe de la matité à la brillance et , oh surprise, on change de couleur ! on obtient (dans ce cas précis!) un magnifique dégradé de bleus. Il suffit alors de choisir l’un des mélanges, de la faire en plus grande quantité et de l’essayer sur une pièce plus importante… et l’on obtient un émail cuit à 1220°C !

A propos du Bore : “c’est à la fois un élément formateur du réseau vitreux, un stabilisateur de ce réseau et un puissant fondant ; il facilite la digestion des particules réfractaires de la composition (quartz, colorants, etc.), grâce à la faible viscosité des borates et à leur faible tension de surface ; cet effet est sensible même pour des teneurs en bore aussi faibles que 1 % en poids de B2O317. Il permet de diminuer drastiquement la température de fusion, tout comme le plomb, mais sans les effets néfastes de celui-ci pour la santé. Depuis le xixe siècle, cet élément est donc utilisé en remplacement du plomb dans les matériaux vitrifiés, verres ou glaçures. (…) Outre son innocuité, le bore donne à la glaçure des propriétés intéressantes pour éviter le tressaillage. En effet, pour des teneurs de 12-15 % B2O3, le bore diminue le coefficient de dilatation des glaçures alcalino-boraciques, abaisse la tension de surface à chaud et améliore la résistance aux chocs thermiques. Il élargit la gamme des températures de maturation et peut produire, à fortes doses et selon le vecteur (colémanite, borax, etc.) lors de l’ajout des oxydes métalliques traditionnels, des palettes colorées subtiles.” in Smith R. A., 1986, “Boron in glass and glass making”, J. Non-cryst. Solids, 84, p. 421-432., ou https://journals.openedition.org/techne/1590 .